Journal et autres considérations

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septembre 2014

Un temps pour tout dit l’ecclésiaste.

Ce vendredi matin, assise dans la cuisine de ce nouvel appartement, dans cette ville à la fois familière et totalement étrangère, mon dernier joint dans une main, mon café au lait ultra sucré dans l'autre, j'ai eu des papillons dans le ventre. (1) J'étais prête. A recommencer d'écrire. Tenir un journal. Me discipliner. Travailler ma langue. M'exposer. J'ai tout de suite su où j'avais envie d'aller m'exercer (2). Il y a quelques années j'avais tenu un journal sur « journal intime.com ». J'avais aimé cette expérience. J'ai décidé de la renouveler. Si c'était encore (...)

Un week end (sur l'air de Maeva in wonderland).

Minuit et demi, le dimanche huit septembre. Il fait encore chaud. Un vrai plaisir. Le ventilo tourne doucement, haut, au dessus du lit. La rue est relativement calme. C'est le premier moment d'accalmie et je me sens extrêmement satisfaite malgré l'énervement dû à cette journée en tout point dominical. Parfait point de chute d'un week-end parfaitement banale. Et absolument heureux. Je goûte cet instant parce que je sais qu'il est fragile et que je l'ai construit. Ma vie. Mon œuvre. Je souris. Je suis fatiguée. Mais je veux profiter encore un peu de ce moment. (...)

Le lapin blanc

Je n'arrive pas à trouver mon rythme. Je m'énerve. Est ce vraiment raisonnable de me lancer dans cette aventure ? Quand j'écrivais les mémoires d'une jeune femme frondeuse, je me moquais de tout, j'étais légère et inconséquente. Je n'ai pas beaucoup changé, mais le temps me semble beaucoup plus précieux et je le perds inutilement. Et si j'étais devenue un lapin blanc ? Celui qui court, qui court ... Je suppose que je dois m'armer de patience, ré-apprivoiser l'écriture. (...)

A propos de l'exil

L'exil dans ma famille, c'est une sorte de tradition depuis quelques générations. Le mien a commencé juste un peu après ma naissance. Il ne s'est jamais vraiment arrêté même si pendant longtemps Paris a ressemblé pour moi à un port d'attache (1). C'est là que j'ai débarqué des Antilles à 3 ans, c'est là que j'ai grandi, à côté du trou des halles qui se remplissaient peu à peu d'un immonde centre commercial. C'est là bas que j'ai tous mes souvenirs d'adolescentes, mes premiers émois, mes premières révoltes. C'est là que je suis toujours revenue. Après mes exils (...)

Lettre à une dépressive

Oui oui la dépression c'est moche , ça te prend aux tripes et ça vide tout de son sens. Un vrai cauchemar gluant et éveillé. Dégoûtant. Personnellement, tu le sais, je suis une grande adepte des crises existentialistes (1) qui me laissent pantelante et totalement désespérée. J'ai accepté que sûrement ça ne changerait jamais. Que j'étais comme ça, sensible à l'extrême voire ridiculement sensible, pleine de questions sans réponse et globalement entourée d'imbéciles, certains plus sympathiques que d'autres, la majorité dénuée de toute empathie envers leur prochain. (...)

Au sujet des convenances sociales.

Babeth insiste pour que je lui fournisse une biographie, et ça m'énerve, ça m'énerve sérieusement. J'ai commencé par lui dire "non, on s'en fout". Elle m'a répondu que non on s'en foutait pas, que quand des gens lui posaient des questions sur moi, elle avait du mal à broder et surtout avait peur de dire des conneries. Je lui ai répondu: "si on s'en fout, mes peintures comme mes dessins parlent d'eux même, il n'y a rien à comprendre, soit on aime, soit on aime pas". Elle a continué d'insister: il fallait éclairer ma démarche. J'ai failli lui jeter mon cv à la figure.Elle a (...)

cogito ergo sum.

Quand je suis excitée intellectuellement c'est tout mon corps qui en fait les frais. Mes seins se dressent, mon ventre est sans dessus-dessous. Je tangue un peu. L'ivresse des mots et des idées qui se déroulent, s'emmêlent, se délitent dans mon petit cerveau me rappelle l'effet des poèmes de Soupault. C'est agréable. (...)

J'expose

C'est la première fois que j'expose et je comprends mieux pourquoi j'ai toujours refusé de me prêter à l'exercice. Je n'expose pas, je m'expose, complètement. Je me sens démunie.Toute nue. Devant des étrangers qui regarderaient à l’intérieur de mon crâne, avec un air placide ou pénétré sous une lumière blafarde. Un peu comme dans une peinture de Delvaux. Détestable. Je suis tellement en colère. Et dans un accès de rage je demande : Si je me mets toute nue et que tu restes tout habiller à me toiser, comment allons nous faire pour nous rencontrer ? (...)

Lettre à L.

Un jour Noé a décidé de partir vivre chez son père. Il y avait sa petite sœur et surtout l'école, des parents qui ne travaillaient pas, un environnement propre, calme, vert..la vie tranquille et suisse. Je l'ai suivi. Pendant 1 an. Puis je lui ai dit que je ne pouvais vraiment pas vivre en suisse, qu'il ne fallait pas m'en vouloir. Il a compris. J'ai laissé mes affaires dans un garde meuble, de l'autre côté de la frontière et je suis partie. J'ai voyagé pendant près d'un an entre l’Indonésie, l'Inde et le canada avec des retours en Europe pour voir mon fils. Après ça, je (...)

Un instant.

Je voudrais retenir ces instants où je suis simplement heureuse. Parfaitement heureuse. Ici. Maintenant. (...)

Vernissage

J'étais là, toute nue, étalée sur les murs. Vraiment toute nue. Sans peau, ni squelette, sans artifice inutile. Mon monde, mon cerveau, mes tripes, mes amours et mes désamours aussi. Réduite à mon plus simple appareil. Et tout ces gens me scrutaient. Certains me reconnaissaient, dans un mot, une couleur, une référence, une plante, un personnage que sais je encore. D'autres ne savaient pas. Découvraient. Tous avaient l'air heureux. D'être là. . Et moi je rayonnais - le bonheur me va si bien. J'ai souris, fière comme Artaban: cela faisait 6 mois que je travaillais (...)

Au sujet de l'envie et de la jalousie

De manière générale, je ne suis pas victime de la jalousie des autres, Ni de l'envie.(1). D'abord parce que je suis somme toute une fille (2) assez banale. Je ne suis ni particulièrement jolie, ni particulièrement laide, ni riche, ni pauvre (juste en galère), ni brillante, ni débilitante etc etc etc. Ma principale particularité réside dans ma folie qui elle même n'est ni trop brutale, ni trop banale. Cela paraîtra peut être triste pour certain (3) , mais je dois dire que c'est ma déraison qui est sans aucun doute ma force. Comme un joli grain de beauté. Bref. Je ne dis pas ça (...)

Voir Houellebecq et mourir

« on se mate l'enlèvement de Michel Houellebecq ? » Je n'aime pas particulièrement Houellebecq. C'est un bon écrivain, mais pas un grand. Pendant longtemps je l'ai juste trouvé aigri, particulièrement vis à vis des femmes(1), il faut bien le reconnaître (2). Toujours est il qu'avec l'âge j'ai eu de plus en plus de sympathie pour lui. Je le comprenais parfaitement bien. Et en vérité, j'essayais avec force de prendre un autre chemin que le sien (je ne parle pas de son succès, je parle de son désespoir). Et puis j'ai vu l'enlèvement de Michel Houllebecq. Et pour la (...)

Au sujet des artistes

Je suis allée voir M. dans son atelier. Quand je suis arrivée, il était avec une amie qu'il avait invitée à partager son espace le temps des portes ouvertes des ateliers d'artistes de la ville. Je venais de terminer un cocktail avec d'affreux cadres sup dans les nouveaux docks de la joliette. Il faisait chaud, je m'étais démenée, j'étais en sueur . Myriam m'avait promis de me libérer tôt et elle l'avait fait. J'avais quelques heures de libre avant l'arrivée de ma mère et de Chantal. C'était l'occasion ou jamais. D'y aller. Seule. Et d'éviter une situation potentiellement (...)

Mythologie personnelle 1

Le retour en France alors que je n'avais pas encore tout à fait atteint ma troisième année a été un réel traumatisme. Me retrouver dans ce pays froid, cette ville humide et triste, devoir m'habiller, devoir m’asseoir à table, manger avec des couverts, ne pas se salir, se comporter de manière « civilisée », ne pas parler aux étrangers, ne pas courir, ne pas crier, ne pas rire à gorge déployée. Tout cela n'a pas été une mince affaire. Je ne m'en suis jamais tout à fait remise. Pas tant de l'exil, l'exil me plaît. Non plutôt du changement d'ambiance. Je ne me suis pas (...)

Mythologie personnelle 2

J'étais une enfant heureuse, espiègle et douce. Bonne élève, affectueuse, autonome. Une petite perle avec de long cheveux bruns. Je donnais le change, j'allais à l'école, au conservatoire, à l'atelier d'art, j'étais aimable et vive. Mais à l'intérieur j'étais pleine de rêves, d'aventures, de passions, de grandeurs. J'étais curieuse du monde qui m'entourait. Je voulais percer son mystère, comprendre sa mécanique. Mais quelque chose obscurément m'échappait. Quelque chose de terrifiant. Peu à peu j'allais en comprendre le sens et la nature, mais à l'époque je n'avais aucune (...)