Au sujet des artistes
Je suis allée voir M. dans son atelier. Quand je suis arrivée, il était avec une amie qu’il avait invitée à partager son espace le temps des portes ouvertes des ateliers d’artistes de la ville. Je venais de terminer un cocktail avec d’affreux cadres sup dans les nouveaux docks de la joliette. Il faisait chaud, je m’étais démenée, j’étais en sueur . Myriam m’avait promis de me libérer tôt et elle l’avait fait. J’avais quelques heures de libre avant l’arrivée de ma mère et de Chantal.
C’était l’occasion ou jamais. D’y aller. Seule. Et d’éviter une situation potentiellement languide (nuit + alcool + fête) et inappropriée. Il était 13h30. Je m’étais changée après le service, je déteste porter du noir quand le soleil brille. J’ai pris la direction du panier. J’ai facilement trouvé son atelier. J’ai hésité sur le pas de l’immeuble. Je savais que c’était dangereux, que j’étais sur le fil du rasoir. Il avait l’air aussi fragile que dangereux. Et quelque chose s’était passé entre nous cette nuit là, sous les étoiles du 4 septembre. Quelque chose d’indicible et de tenu, et même d’incertain. Nous ne savions pas encore ni lui, ni moi ce qu’il allait advenir de cet instant. Mais ce n’était pas vraiment ce qui comptait. Ce qui comptait c’était de savoir si cette étincelle avait été bien réelle.
J’ai fumé une cigarette. J’ai pris mon courage à deux mains.
Et quand je suis rentrée il m’a dit « je t’ai vue sur le trottoir, viens. »