Lettre à une dépressive
Oui oui la dépression c’est moche , ça te prend aux tripes et ça vide tout de son sens. Un vrai cauchemar gluant et éveillé. Dégoûtant.
Personnellement, tu le sais, je suis une grande adepte des crises existentialistes (1) qui me laissent pantelante et totalement désespérée. J’ai accepté que sûrement ça ne changerait jamais. Que j’étais comme ça, sensible à l’extrême voire ridiculement sensible, pleine de questions sans réponse et globalement entourée d’imbéciles, certains plus sympathiques que d’autres, la majorité dénuée de toute empathie envers leur prochain.Parfois même cruels.
J’ai beaucoup pleuré (2).
Et puis un jour, au hasard d’une lecture j’ai soudain pris conscience que je me torturais pour rien.
Ça m’a frappée et j’ai raté quelques battements de cœur.
La vie n’avait définitivement et tout simplement aucun sens, seulement celui que je lui donnais.
C’était à la fois effrayant et plein de possibilités. J’étais face à moi même, toute nue, irrémédiablement livrée à mes choix. J’étais là parce que je l’avais voulu. J’avais voulu être au monde, je m’étais accrochée à la paroi utérine de ma mère. J’avais déchiré son sexe dans un accès de brutalité pour prendre ma première bouffée d’air frais, ouvrir mes poumons. Etre au monde. J’avais survécu à toute cette merde et à tellement d’autres. Je l’avais voulu. J’aurais pu comme certains nourrissons arrêter simplement de respirer. Laisser tomber. Mourir.
Mais ce n’était pas mon choix. Et vivre, ce n’est finalement que ça, une question de libre arbitre.
Et si cela te rend triste, si cela est parfois intolérable, accepte que ce n’est pas forcément injustifié. La vie est souvent moche. Mais rappelle toi, rappelle toi aussi que tu en fais ce que tu veux, de cette douleur, de ces frayeurs, de ton malheur. Et si les liens qui te retiennent à l’intérieur de toi sont plus fort que ta volonté propre, rappelle toi, rappelle toi encore et encore que tu as décidé de vivre.Que si tu as battu la grande faucheuse si longtemps c’est que tu es beaucoup plus forte que tu ne le crois.
Et alors tu ne seras plus jamais morte. Tu souffriras encore, mais tu seras aussi heureuse. Heureuse et vivante.
Notes:
(1) c’est encore un autre problème, je te le concède mais parfois mes tendances nihilistes s’y ajoutent et tout devient très compliqué
(2) j’ai beaucoup ri aussi