Lettre à R.
J’imagine. Dimanche soir, Dakar, tu as bu, ta femme n’es pas là, ou peut être simplement qu’elle dort, ou peut être qu’elle t’a quitté qui sait ? Tu as l’alcool triste alors tu repenses à ta jeunesse perdue et tu m’envoies un message ou peut être que tu envoies un message à toutes tes ex, qui sait?. Même pas un message d’ailleurs, tu commences par un pouce facebook, comme si internet pouvait mordre. Et puis tu dis ça. Tes regrets. Ensuite tu balances que tu as trois enfants, que tu es un expat à la con et que tu es aigri. Mais surtout pas plus hein ! Ce n’est pas comme si nous avions été amis un jour. Ce n’est pas comme si je t’avais toujours accepté comme tu es. Putain quelle connerie !
Moi naïvement, je crois que tu as envie de reprendre contact, d’échanger, de raconter, je trouve ça cool 3 enfants, la mer, l’Afrique, une femme, un travail dont tu n’as pas à avoir honte (tu pourrais bosser pour bouygues au Qatar et ça c’est vraiment moche). Je suis débile parfois. J’oublie que tu n’assumes pas. Et cela me rend un peu triste parce que je me dis qu’au fond tu ne me connais pas, pas du tout.
Alors saches que tu as une place spéciale dans mon cœur. Tu es mon petit poulet. Ça ne te paraît peut être peu flatteur, mais ça l’est.
J’aurais vraiment aimé que nous puissions restés amis. Parce qu’au fond et très personnellement, je me fichais pas mal que tu sois un menteur, un tricheur, un mec ultra compliqué, tout cela te rendait attachant, on a tous notre part d’ombre.
Tu étais avant tout mon ami. Je croyais l’être aussi. Mais peut être qu’une juive pied noir et un algérien ne peuvent pas l’être. Peut être que nous sommes maudits par notre histoire. Cela ferait un beau roman, mais je n’y crois pas. Alors voilà, je serais toujours là pour toi, si tu en as le besoin ou l’envie. Je ne cherche pas un amant ou un mari, mais j’aurais aimé retrouvé un vieil ami. Peut être qu’il faudra encore attendre 10 ans.