Quelques jours plus tard, il m'a recontacté. Tard le soir Toujours par messenger. Une distance de communication nécessaire. Je n'étais pas prête à lui parler de vive voix. Lui non plus sûrement.
J'ai répondu. Sans délai.
Nous avons échangé. Par cercles concentriques. D'abord de sujet éloigné de nous. Puis doucement, lentement, vers quelque chose d'autres. De plus proches de ce que nous voulions nous dire sans arriver vraiment au coeur de ce qui nous concernait (je dis "nous", mais je parle de moi. Je n'ai aucune idée de ce qu'il s'attendait à trouver en me sollicitant).
Puis (...)
Au début je n'ai pas répondu. Je ne savais tout simplement pas comment le faire. Son message n'avait rien d'hostile. Tout le contraire. Mais j'étais projeté des années en arrière.
Alors j'ai attendu. Puis, avec beaucoup d'appréhension, j'ai tenté à mon tour d'être gentille, tendre, sans être intrusive, sans forcément appeler une réponse. Un exercice délicat.
Le dialogue s'est instauré.
Timidement.
Précautionneusement.
J'avais mille questions. Il en, avait sûrement tout autant. Mais nous ne pouvions pas les poser. Pas comme cela. Pas à brûle pourpoint. Et j'avais peur (...)
A qui d'autres pourrais je en parler que toi? Je ne crois pas que même mes copines comprendraient. En tout cas, elles ne m'ont jamais parlé de ce genre de choses. Ou sinon succinctement, pour en rire.
Il y a d'abord eu Raffic qui a fait une apparition éclair dans ma vie. Pour me rappeler à son bon souvenir. Comme un signe pour me rdire quel genre de passion amoureuse je pouvais inspirer. Je sais cela peut paraître prétentieux mais merde je n'en suis pas fière. Tous les hommes qui sont tombés amoureux de moi m'ont dit la même chose: je suis comme une drogue dure. Il ne faut pas y (...)
J'ai tout pour être heureuse. Un homme avec qui je partage ma vie depuis des années maintenant, quelque chose comme dix ans, mais je suis un peu nulle avec les dates. Il est cool, il m'aime comme je suis, on a nos hauts et nos bas, mais on rit encore beaucoup ensemble et surtout il accepte mon désir de liberté et mes choix erratiques. Je crois qu'il n'y a pas beaucoup d'hommes (ou de femmes) qui me laisseraient partir et revenir au gré de mes envies, de mes besoins, de mes désirs ; Je n'ai pas beaucoup d'amis parce que je suis infidèle, oublieuse, compliquée et exigeante mais ceux que (...)
J'imagine. Dimanche soir, Dakar, tu as bu, ta femme n'es pas là, ou peut être simplement qu'elle dort, ou peut être qu'elle t'a quitté qui sait? Tu as l'alcool triste alors tu repenses à ta jeunesse perdue et tu m'envoies un message ou peut être que tu envoies un message à toutes tes ex, qui sait?. Même pas un message d'ailleurs, tu commences par un pouce facebook, comme si internet pouvait mordre. Et puis tu dis ça. Tes regrets. Ensuite tu balances que tu as trois enfants, que tu es un expat à la con et que tu es aigri. Mais surtout pas plus hein ! Ce n'est pas comme si nous avions (...)
Hier soir un peu avant minuit j'ai reçu un message sur ma boîte de réception facebook de R. Cela faisait 10 ans que je n'avais plus entendu parler de lui. Depuis qu'il avait disparu du jour en lendemain sans explication aucune.
"Pensées africaines! Rien à rajouter, tu es exceptionnelle, je regrette beaucoup de choses!"
Curieusement ça m'a fait rire. Malgré tout ce qui avait pu se passer entre nous, j'avais toujours gardé un souvenir ému de celui que j'appelais mon petit poulet sans savoir d'ailleurs pourquoi. Je lui ai répondu gentiment, j'étais curieuse, on l'est toujours quand (...)
- faire de la flûte traversière (tous les jours)
- dessiner (tous les jours)
- écrire (tous les jours)
- ranger mon atelier (aujourd'hui)
- dire merci (tous les jours)
- répondre à mes emails (aujourd'hui)
- appeler Alexis (aujourd'hui)
- lire les chroniques de Jérusalem (aujourd'hui)
- écrire à mon père (aujourd'hui)
- organiser le coach surfing pour l'Iran (ces jours ci)
- prendre une photo en noir et blanc pour Audrey (chaque jour)
- regarder les prix pour aller à Belle Ile voir Marie (...)
J'étais une enfant heureuse, espiègle et douce. Bonne élève, affectueuse, autonome. Une petite perle avec de long cheveux bruns. Je donnais le change, j'allais à l'école, au conservatoire, à l'atelier d'art, j'étais aimable et vive. Mais à l'intérieur j'étais pleine de rêves, d'aventures, de passions, de grandeurs. J'étais curieuse du monde qui m'entourait. Je voulais percer son mystère, comprendre sa mécanique. Mais quelque chose obscurément m'échappait. Quelque chose de terrifiant. Peu à peu j'allais en comprendre le sens et la nature, mais à l'époque je n'avais aucune (...)
Le retour en France alors que je n'avais pas encore tout à fait atteint ma troisième année a été un réel traumatisme. Me retrouver dans ce pays froid, cette ville humide et triste, devoir m'habiller, devoir m’asseoir à table, manger avec des couverts, ne pas se salir, se comporter de manière « civilisée », ne pas parler aux étrangers, ne pas courir, ne pas crier, ne pas rire à gorge déployée. Tout cela n'a pas été une mince affaire. Je ne m'en suis jamais tout à fait remise. Pas tant de l'exil, l'exil me plaît. Non plutôt du changement d'ambiance. Je ne me suis pas (...)
Je suis allée voir M. dans son atelier. Quand je suis arrivée, il était avec une amie qu'il avait invitée à partager son espace le temps des portes ouvertes des ateliers d'artistes de la ville. Je venais de terminer un cocktail avec d'affreux cadres sup dans les nouveaux docks de la joliette. Il faisait chaud, je m'étais démenée, j'étais en sueur . Myriam m'avait promis de me libérer tôt et elle l'avait fait. J'avais quelques heures de libre avant l'arrivée de ma mère et de Chantal.
C'était l'occasion ou jamais. D'y aller. Seule. Et d'éviter une situation potentiellement (...)
« on se mate l'enlèvement de Michel Houellebecq ? »
Je n'aime pas particulièrement Houellebecq. C'est un bon écrivain, mais pas un grand. Pendant longtemps je l'ai juste trouvé aigri, particulièrement vis à vis des femmes(1), il faut bien le reconnaître (2).
Toujours est il qu'avec l'âge j'ai eu de plus en plus de sympathie pour lui. Je le comprenais parfaitement bien. Et en vérité, j'essayais avec force de prendre un autre chemin que le sien (je ne parle pas de son succès, je parle de son désespoir).
Et puis j'ai vu l'enlèvement de Michel Houllebecq. Et pour la (...)
De manière générale, je ne suis pas victime de la jalousie des autres, Ni de l'envie.(1). D'abord parce que je suis somme toute une fille (2) assez banale. Je ne suis ni particulièrement jolie, ni particulièrement laide, ni riche, ni pauvre (juste en galère), ni brillante, ni débilitante etc etc etc. Ma principale particularité réside dans ma folie qui elle même n'est ni trop brutale, ni trop banale. Cela paraîtra peut être triste pour certain (3) , mais je dois dire que c'est ma déraison qui est sans aucun doute ma force. Comme un joli grain de beauté.
Bref. Je ne dis pas ça (...)
J'étais là, toute nue, étalée sur les murs. Vraiment toute nue. Sans peau, ni squelette, sans artifice inutile.
Mon monde, mon cerveau, mes tripes, mes amours et mes désamours aussi.
Réduite à mon plus simple appareil.
Et tout ces gens me scrutaient.
Certains me reconnaissaient, dans un mot, une couleur, une référence, une plante, un personnage que sais je encore.
D'autres ne savaient pas. Découvraient.
Tous avaient l'air heureux. D'être là. .
Et moi je rayonnais - le bonheur me va si bien.
J'ai souris, fière comme Artaban: cela faisait 6 mois que je travaillais (...)
Un jour Noé a décidé de partir vivre chez son père. Il y avait sa petite sœur et surtout l'école, des parents qui ne travaillaient pas, un environnement propre, calme, vert..la vie tranquille et suisse.
Je l'ai suivi. Pendant 1 an. Puis je lui ai dit que je ne pouvais vraiment pas vivre en suisse, qu'il ne fallait pas m'en vouloir. Il a compris. J'ai laissé mes affaires dans un garde meuble, de l'autre côté de la frontière et je suis partie. J'ai voyagé pendant près d'un an entre l’Indonésie, l'Inde et le canada avec des retours en Europe pour voir mon fils.
Après ça, je (...)
C'est la première fois que j'expose et je comprends mieux pourquoi j'ai toujours refusé de me prêter à l'exercice. Je n'expose pas, je m'expose, complètement. Je me sens démunie.Toute nue. Devant des étrangers qui regarderaient à l’intérieur de mon crâne, avec un air placide ou pénétré sous une lumière blafarde. Un peu comme dans une peinture de Delvaux.
Détestable. Je suis tellement en colère.
Et dans un accès de rage je demande : Si je me mets toute nue et que tu restes tout habiller à me toiser, comment allons nous faire pour nous rencontrer ? (...)
Quand je suis excitée intellectuellement c'est tout mon corps qui en fait les frais. Mes seins se dressent, mon ventre est sans dessus-dessous. Je tangue un peu. L'ivresse des mots et des idées qui se déroulent, s'emmêlent, se délitent dans mon petit cerveau me rappelle l'effet des poèmes de Soupault. C'est agréable. (...)
Babeth insiste pour que je lui fournisse une biographie, et ça m'énerve, ça m'énerve sérieusement.
J'ai commencé par lui dire
"non, on s'en fout".
Elle m'a répondu que non on s'en foutait pas, que quand des gens lui posaient des questions sur moi, elle avait du mal à broder et surtout avait peur de dire des conneries.
Je lui ai répondu:
"si on s'en fout, mes peintures comme mes dessins parlent d'eux même, il n'y a rien à comprendre, soit on aime, soit on aime pas".
Elle a continué d'insister: il fallait éclairer ma démarche. J'ai failli lui jeter mon cv à la figure.Elle a (...)
Oui oui la dépression c'est moche , ça te prend aux tripes et ça vide tout de son sens. Un vrai cauchemar gluant et éveillé. Dégoûtant.
Personnellement, tu le sais, je suis une grande adepte des crises existentialistes (1) qui me laissent pantelante et totalement désespérée. J'ai accepté que sûrement ça ne changerait jamais. Que j'étais comme ça, sensible à l'extrême voire ridiculement sensible, pleine de questions sans réponse et globalement entourée d'imbéciles, certains plus sympathiques que d'autres, la majorité dénuée de toute empathie envers leur prochain. (...)
L'exil dans ma famille, c'est une sorte de tradition depuis quelques générations. Le mien a commencé juste un peu après ma naissance. Il ne s'est jamais vraiment arrêté même si pendant longtemps Paris a ressemblé pour moi à un port d'attache (1). C'est là que j'ai débarqué des Antilles à 3 ans, c'est là que j'ai grandi, à côté du trou des halles qui se remplissaient peu à peu d'un immonde centre commercial. C'est là bas que j'ai tous mes souvenirs d'adolescentes, mes premiers émois, mes premières révoltes. C'est là que je suis toujours revenue. Après mes exils (...)